L’odeur du café fraîchement préparé et du pain grillé emplissait la cuisine, baignée par la douce lumière du matin. Je lavais mécaniquement un verre, perdue dans mes pensées.
Les rayons du soleil dansaient sur les surfaces, projetant des reflets dorés qui semblaient réchauffer la pièce. Pourtant, malgré cette tranquillité, une autre chaleur montait en moi, plus sourde, plus difficile à contenir.
L’image d’Arsène surgit dans mon esprit, imposante et inévitable. Son sourire réconfortant. Son regard brûlant lorsqu’il me défiait du bout des lèvres. Je pouvais presque entendre le grondement feutré de son loup dans mon esprit. Un souvenir lointain de ce que nous avions partagé.
Je fermai les yeux un instant, inspirant profondément pour chasser ce souvenir. L’eau tiède glissait sur mes doigts, mais au lieu de m’apaiser, elle ravivait un frisson intérieur.
Depuis que j’avais pris ma place dans la meute de Charles, tout semblait… plus simple. Les responsabilités rythmaient mes journées, la gestion des louves m’apportait une certaine satisfaction, et Charles me faisait confiance. Ici, je n’avais pas à lutter pour exister. J’étais acceptée, reconnue.
Alors pourquoi cette sensation persistante de vide ?
Je posai l’éponge, fixant mon reflet dans l’évier, comme si l’eau qui s’écoulait pouvait me donner une réponse.
Avec Charles, tout était stable, prévisible. Il n’y avait pas de chaos, pas de tempête. Pas cette douleur lancinante qui m’arrachait le souffle à chaque pensée d’Arsène.
Seulement… étais-je faite pour cette tranquillité ?
Je pris une profonde inspiration, tentant d’ignorer cette brûlure au creux de ma poitrine.
Suis-je prête à renoncer à un amour impossible pour m’abandonner à la douceur d’un avenir plus sûr ?
Les battements de mon cœur s’accélérèrent à cette pensée, comme un avertissement silencieux.
Pouvais-je seulement aimer sans la tempête ?