Mon regard encore voilé par le sommeil se posa sur Nicolas, assis sur la table basse, le visage grave.
— Tu fais toujours autant de cauchemars quand tu dors ?
Sa voix était basse, presque inquiète.
Je passai une main tremblante sur mon front moite, essayant de reprendre mes esprits.
— Oui… Depuis que j’ai tué Emmanuel.
Ma voix était rauque, fatiguée.
Je me redressai lentement, un frisson glacé parcourant ma colonne vertébrale.
— J’ai seize ans et j’ai déjà tué trois personnes.
Un silence lourd s’installa.
Puis Nicolas souffla, impassible.
— En effet, c’est énorme.
Je levai des yeux troublés vers lui. Il me scrutait intensément, cherchant à percer mes pensées.
— Pourquoi est-ce que tu as peur de la foule ? demanda-t-il.
Je serrai les bras contre ma poitrine, tremblante.
— Parce que je ressens tout trop fort. Les odeurs, les émotions… C’est étouffant. J’ai peur de perdre le contrôle, de ne pas être prête à me défendre.
Ma gorge se serra, l’angoisse me tordit le ventre.
Nicolas hocha lentement la tête, réfléchissant.
— Tu as peur de toi-même.
Je frissonnai à ces mots.
— Tu as été entraînée à tuer, mais personne ne t’a préparée à la culpabilité, au dégoût de soi.
Un sanglot m’échappa. Il met des mots sur ce que je ressens… Mon corps se secoua violemment, mes larmes coulant sans retenue.
