Un bruit sourd à l’étage me fit sursauter. Mes muscles se raidirent instinctivement. Puis des voix étouffées s’élevèrent au-dessus du plafond, amplifiant mon angoisse.
Je me précipitai hors de la chambre, gravissant les marches deux à deux. Arrivée devant la porte, j’hésitai, haletante, les battements de mon cœur retentissaient dans mes tempes.
Je posai lentement l’oreille contre le bois froid.
— Charles, elle perd trop de sang !
Un frisson glacé parcourut ma colonne vertébrale. Dans ma tête, l’image s’imposa lentement : une femme au teint livide, le drap imbibé d’un rouge poisseux, son souffle saccadé, son corps oscillant entre la vie et la mort.
— Tiens-la fermement ! ordonna Charles, sa voix dure comme de l’acier.
— Sa pression chute !
— Vite, passe-moi l’adrénaline !
Je me recroquevillai, chaque fibre de mon être tendue vers cette scène invisible.
Le bruit sec d’un flacon qu’on ouvre, des mouvements pressés, du métal raclant une surface. Puis un cri déchirant. Une douleur brutale, animale.
Je plaquai ma main sur ma bouche, retenant un hoquet de terreur.
— Tiens bon… tiens bon… murmura Charles, sa voix vacillant entre autorité et supplication.
Jamais je ne l’avais entendu aussi vulnérable.
Une odeur métallique envahit l’air, même à travers la porte. Puis, un bip monotone s’éleva dans un silence lourd et épais.
