Baptiste, Fabrizio et Sylvain pouvaient revenir à tout instant. Mon cerveau, réfléchissant à toute allure, me conseilla d’éviter la route pour la longer à travers le bois. Poussant un long souffle, je fis le vide dans mon esprit. Rassemblant tout mon courage, je visualisai Arsène, son sourire rassurant. L’espoir de le retrouver me submergea.

La prairie s’étendait devant moi, vaste et silencieuse, sous la lumière pâle de la lune. Les hautes herbes, argentées par la lueur nocturne, ondulaient doucement au gré du vent, un murmure qui se mêlait au bruissement de mes pas pressés. Chaque mouvement me semblait amplifié dans ce désert d’herbes, comme si la terre elle-même écoutait ma fuite.

L’air frais de la nuit me fouettait le visage, emportant avec lui l’odeur douce-amère de la végétation humide et du sol encore tiède. Mon cœur battait à tout rompre, l’anxiété grandissait en moi à mesure que je traversais cet océan de verdure. La plaine offrait peu de répit, chaque pas trahissant ma présence, chaque souffle rendant l’angoisse plus palpable.

Loin à l’horizon, les contours sombres de la forêt se dessinaient, une ligne obscure qui semblait me promettre un refuge. Pourtant, chaque foulée dans cette prairie découverte me rendait plus vulnérable, plus exposée sous le ciel immense, parsemé de quelques nuages errants. Le silence de la nuit pesait lourd, seulement brisé par le chant lointain des grillons et le ululement occasionnel d’une chouette.

Le sol, inégal et parfois glissant, compliquait ma course. Mes pieds trébuchaient sur des racines invisibles ou s’enfonçaient dans la terre détrempée, rendant ma progression chaotique. Le froid mordait ma peau, alors que la sueur perlait sur mon front. Mais il n’était pas question de s’arrêter. Le village, avec ses lumières lointaines, semblait à des kilomètres, tout comme la forêt, cette masse noire qui m’appelait, promesse d’un abri ou d’un danger plus grand encore.

Je n’avais pas d’autre choix que de courir, de laisser l’instinct me guider à travers cette étendue désolée, espérant que l’ombre des arbres me dissimulerait enfin.

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