Chapitre 9
— Vincent vous a-t-il dit que je l’ai battu au combat ? demandai-je, rompant le silence.
Arsène, penché sur un anneau qu’il inspectait avec minutie, leva à peine les yeux. Pourtant, je perçus la lueur d’intérêt qui traversa son regard.
— Oui, il m’en a parlé. Je ne pensais pas que cela serait possible, mais j’en suis très content, répond-il finalement, sa voix calme contrastant avec l’excitation qui grandissait en moi.
— Moi aussi, surtout qu’il occupe une position élevée parmi les dominants, dis-je en fixant les rubis. Mais je voulais vous parler d’autre chose.
Arsène releva la tête, ses sourcils se fronçant légèrement. Je ressentais le poids de son regard, mais je ne me détournais pas. Ce n’était plus le moment de vaciller.
— Un jour, vous m’avez dit qu’il fallait attendre que je sois prête pour commencer à monter en grade, poursuivis-je, mes mots soigneusement pesés.
Un silence tendu s’installa. Arsène me scruta, essayant de lire au-delà de mes paroles, mais je tins bon, le défiant avec mon assurance nouvellement acquise.
— Maintenant que je connais ma place dans la meute, je me sens prête à débuter mes premiers duels, déclarai-je enfin, la détermination vibrante dans ma voix.
Arsène posa l’anneau sur le comptoir avec un calme déconcertant. Il se redressa, son regard intense croisa le mien.
— Ça devra attendre l’été prochain. Tu vas déménager chez Charles pendant les vacances de février, dit-il, sa voix ferme, tranchant l’air comme une lame.
Une vague de déception m’envahit. La chaleur de la bijouterie sembla soudainement moins réconfortante.
— Mais je suis censée être à la bijouterie avec vous pendant cette période, lui rappelai-je, essayant de maitriser la pointe de désespoir qui se glissait dans ma voix.
— Tu passeras cette période avec le bijoutier qu’il t’a trouvé, insista-t-il sans détour.
Mon cœur se serra. L’idée de quitter ce lieu, et surtout Arsène, me révoltait. Je serrai les poings, déterminée à ne pas céder.
