— Monsieur, je peux me mettre à l’ombre, près de vous, s’il vous plaît ? Demandai-je gentiment au professeur de sport.
Ce n’était pas tellement l’ombre qui m’intéressait, où il se trouvait on voyait moins l’autre groupe courir. Il me tournait le dos. Ses épaules carrées se raidirent.
— Vous êtes très bien là où vous êtes, répliqua-t-il d’un ton sec.
Sa matinée n’avait pas dû être très agréable.
— S’il vous plaît, j’ai trop chaud, insistai-je.
— J’ai dit, non !
— Il est tout le temps comme ça ou c’est juste avec moi ? Demandai-je à Catherine.
— Il est lunatique, ne le fais pas trop chier, chuchota-t-elle sans m’accorder un regard.
J’écarquillais les yeux, surprise. Les oiseaux ne suffisaient plus à me distraire de la course de mes camarades. La jugulaire de ma camarade me tentait. Ma louve me montra ses crocs percer la chair tendre de sa gorge. Un goût de sang envahit ma bouche. Personne ne se doutait de mon besoin de me nourrir. La jeune fille se frotta le bras, ses poils étaient hérissés. Son instinct lui signifiait le danger que je représentais, mais elle n’y prêtait pas attention.
Soudain, je me retrouvai contre Catherine, le nez contre sa gorge. Je flairai l’odeur de son sang.
— Putain ! C’est quoi ton délire ? S’écria-t-elle hystérique.
— Faire pipi ! M’écriai-je à mon tour, en m’éclipsant au pas de course.
Une odeur de surprise planait sur le groupe. Je me réfugiais, derrière un épais buisson de genévrier bleu. À genoux sur le sol, des larmes de peur ruisselaient sur mes joues. Ma louve contrôlait mes émotions, cela me terrifiait. J’avais aussi peur d’avoir été démasquée. Comment est-ce que j’allais pouvoir me sortir de cette situation ?
