La porte s’ouvrit sur un vaste dortoir baigné d’une lumière blafarde. L’odeur âcre de sueur et de peur m’assaillit, me donnant presque la nausée. Une dizaine de jeunes femmes aux visages émaciés, les cheveux en bataille, émirent un grognement animal à notre entrée. Leurs yeux, mi-humains, mi-lupins, me fixaient avec une intensité qui me fit frissonner. Le silence pesant fut brisé par le bruit de ma respiration rapide. Ces louves, autrefois humaines, portaient maintenant l’odeur de ma meute. Emmanuel et Baptiste les avaient transformées en créatures que même Arsène n’aurait pas reconnues.
Je murmurai, la gorge nouée par l’angoisse :
— Arsène vous tuera s’il découvre ce que vous avez fait.
Emmanuel se contenta de sourire, un sourire glacial qui me glaça le sang.
— C’est pour cela que tu ne le reverras jamais, dit-il. Tu vas t’installer dans un lit libre. Occupe-toi d’elles.
Mon esprit cherchait désespérément une issue, mais le piège se refermait. Arsène ignorait tout de cet endroit.
